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Russie, Chine, Brésil...L'amiante contamine toujours la planète

Des grandes nations continuent de produire et d’exporter de l’amiante. Elles le revendent en priorité aux pays à faibles revenus, selon une étude.
                    
L'amiante contamine toujours la planète
Simon Webster / Rex Fea/REX/SIPA

La bataille contre l’amiante est loin d’être gagnée. A travers le monde, les pays continuent d’en produire et d’en exporter en quantité massive, selon une étude publiée dans la revue Annals of Global Health. Et cela ne devrait pas s’arrêter de sitôt.
Des situations hétérogènes Les chercheurs retracent l’histoire de ce matériau toxique, utilisé dans l’industrie depuis une centaine d’années. A son apogée, en 1972, plus de 775 000 tonnes étaient utilisées aux Etats-Unis. Lorsque les risques sanitaires ont été révélés au grand public, une cinquantaine de pays ont progressivement mis en place des règlementations et des interdictions. L'inhalation des fibres d'amiante est à l'origine de l'asbestose, une fibrose pulmonaire mais aussi de nombreux cancers (broncho-pulmonaires, de la plèvre et des voies aérodigestives.)
Mais les législations ont mis du temps à produire leurs effets, et les situations restent très hétérogènes, selon les pays. Des grandes nations, comme l’Inde, les Etats-Unis ou le Canada, n’ont toujours pas officiellement interdit l’usage de l’amiante.
Capture d'écran Annal of Global Health
Les pays à faibles revenus, premiers consommateurs « Malheureusement, alors que les pays développés bannissaient ou restreignaient l’usage de ce produit, les pays en voie de développement, eux, augmentaient leur consommation, expliquent les auteurs de l’étude. Des grands producteurs, comme la Russie, le Kazakhstan, la Chine et le Brésil continuent d’en fabriquer et d’en exporter à travers le monde, et en particulier vers les pays à faibles et moyens revenus, peu regardants sur les réglementations environnementales ».
Ainsi, l’Inde en produit de moins en moins, mais le pays a augmenté ses importations de manière spectaculaire. L’amiante est utilisée dans la fabrication de produits en amiante-ciment et des tuyaux et canalisations.
Capture d'écran Annal of Global Health
Stratégie marketing vs santé publique Et pour justifier l’usage du matériau, malgré les scandales sanitaire à répétition, les Etats et l’industrie de l’amiante n’hésitent pas à évoquer des données sans aucun fondement scientifique, selon les auteurs de l’étude. « Ils suivent un modèle mis en place par l’industrie du tabac, qui consiste à embaucher des entreprises de relations publiques pour brouiller les messages scientifiques et sanitaires, et faire en sorte que le produit toxique puisse continuer à se vendre ».
Selon le site de statistiques Planetoscope, il se produit 80 kilos d'amiante dans le monde chaque seconde, soit 2,5 milliards de kilos par an. Les systèmes français et allemand consacrent chacun plus d’un milliard d’euros par année aux dépenses de réparation des maladies liées à l’amiante. Aux Etats-Unis, les demandes d’indemnisation pourraient atteindre 260 milliards de dollars.

http://www.formation-prevention-amiante.com/
Centre de formation en prévention du risque amiante sous-section 4 en Rhône-Alpes et sur toute la France.

Albi : 75 locataires déménagés pour cause d'amiante

On ne badine plus avec l'amiante. Ces locataires de Tarn habitat en savent quelque chose. Dans le cadre des travaux engagés cet automne à Albi et qui se poursuivront jusqu'en fin 2015 ou début 2016, on a repéré la présence du matériau interdit dans 75 appartements. «C'est aléatoire. Certains en ont et d'autres pas, selon le type de produit utilisé à l'époque. Les vérifications ont été bien faites. Les spécialistes sont passés partout», témoigne un agent de l'office.

«Contenu dans la colle du carrelage des cuisines ou des salles de bain, l'amiante ne présente aucun risque tant qu'on n'y touche pas. Mais dès qu'on intervient dessus, la réglementation nous impose désormais des précautions particulières», relève Philippe Aspar, directeur adjoint de Tarn habitat.

3 semaines hors de chez soi

Conséquence pour «les amiantés», comme on les surnomme avec humour dans le quartier de Rayssac, ils ont dû ou devront déménager le temps du chantier, environ trois semaines. C'est sur le relogement que les sons de cloche sont différents entre Tarn habitat et la Confédération nationale du logement (CNL). «La CNL est pour les travaux. Elle en voudrait même plus. Mais s'il y a de l'amiante dans leur appartement, les locataires n'y sont pour rien. C'est bien le moins qu'ils soient relogés. Or c'est le cas seulement pour vingt d'entre eux sur 75. Les autres, c'est débrouillez-vous», résume Moha Oukziz, président de la CNL 81, qui reproche à Tarn habitat d'avoir favorisé l'accueil des délogés dans leurs familles plutôt qu'en gîte ou autre. Philippe Aspar objecte que «Tarn habitat a même prévu une personne pour chercher une solution adaptée à chacun.» «Tarn habitat a fait appel à un cabinet d'études privé pour résoudre cette question sociale», critique Moha Oukziz. «Il aurait mieux valu faire bénéficier les locataires de cet argent!.»

Jacques, 80 ans et son épouse, qui habitent au bâtiment G2 de Rayssac, s'apprêtent ainsi à emménager un temps deux étages plus haut. «Après qu'on soit intervenus», dit Moha Oukziz. «On ne se voyait pas aller chez les enfants», disent Claude et Maria Blanchard, aussi du G2 et qui «se plaisent» à Rayssac où ils vivent depuis 1977. Pour ces retraités «contents», c'est mieux d'avoir dû partir. L'amiante leur a au moins évité les désagréments du chantier. «Tarn Habitat nous a payé durant trois semaines en octobre un mobil-home au camping d'Albi. Quand on est revenus chez nous, tout était fini et remis à neuf impeccable. Jusqu'aux meubles replacés comme avant, au millimètre. En plus, ce séjour au vert nous a reposés après les cartons!»

Alain-Marc Delbouys pour La Dépêche

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